Prieuré Saint-Germain de Montpellier

De Marquerose
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C'est au pape Urbain V, que l'on doit le monument qui sert aujourd'hui d'église cathédrale. Urbain était le nom que prit ce pontife lors de son exaltation ; il était connu auparavant sous celui de Guillaume Grimoard. C'était le fils du baron de Roure et d'Emphelise de Sabran, qui habitaient le lieu de Grissac, diocèse de Mende , dans le Gevaudan.

Il se fit bénédictin et vint à Montpellier étudier la rhétorique et la philosophie; il fut ensuite à Toulouse, faire ses études en droit civil et en droit canon ; il devint bientôt docteur, puis un professeur célèbre à Montpellier , ville qu'il quitta pour aller régir l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre , à laquelle il avait été appelé ; il passa de cette abbaye à celle de Saint -Victor, de Marseille, et, sans être cardinal , il fut élu pape le 30 octobre 1362.

Son séjour à Montpellier, pendant plusieurs années, lui avait fait prendre un tel intérêt à cette ville, qu'il résolut , lorsqu'il fut pape , d'y fonder pour les Bénédictins ses confrères , un monastère sous l'invocation de Saint-Germain.

L'exécution suivit de près son dessein. Il fit choisir dans un quartier bas , exposé au nord , qu'on appelait vulgairement Costefrége, un local convenable et sain. L'acquisition de plusieurs maisons lui devint nécessaire; il les acheta pour les démolir, et il fit commencer bientôt après la construction de l'église.

La première pierre en fut posée le 1.er octobre 1364, par Jean Gasc, abbé d'Aniane, délégué par le pape pour cette cérémonie, à la quelle on mit de la solennité. Les consuls de la ville , les ouvriers (1) et les consuls de mer (2) voulurent y concourir. Ils partirent processionnellement de l'Hôtel-de-Ville, et se rendirent au lieu ou devait être placée la pierre fondamentale , avec des cierges allumés, et faisant porter sous un riche dais la tête de Saint-Blaise , ancienne relique de la ville. L'office fut célébré par l'abbé d'Aniane, et le discours fut prononcé par le gardien des frères Mineurs , appelé Guy Tindel. Au lieu d'une première pierre on en posa trois. La première fut mise par le célébrant au milieu du chevet de l'église ; les consuls placèrent au côté droit la seconde, sous laquelle ils jetèrent de l'argent monnoyé ; ils donnèrent après cela pour étrennes six tasses d'argent , aux armes de la ville. La troisième fut placée au côté gauche, par les officiers curiaux, Philippe de Laurilla, recteur (1) , et Jacques de Manhania, bailli (a\ La cérémonie se termina par la publication des indulgences accordées par le pape.

Urbain avait fait part de son projet au roi Charles V, dont le consentement pour un semblable établissement était nécessaire. Il obtint de ce monarque des lettres-patentes , datées du 28 oc tobre 1364. Pendant qu'on travaillait à l'édifice, on apprit que le pape Urbain avait formé le dessein de venir le voir lui-même. Il se fit précéder par l'abbé de Montmajour , qui arriva à Montpellier le 29 juillet 1366, et apporta de sa part, pour le nouvel établissement, des présens, qui consistaient en une relique de la tête de S. '-Germain, une très-riche cha suble et un calice d'or. Urbain vint, en effet, comme il l'avait fait espérer; il était parti d'Avignon le 7 janvier 1366, et arriva deux jours après, accompagné de douze cardinaux, parmi lesquels étaient ceux de Boulogne , de Canilhac, de Tarragone et de de plusieurs évêques et ecclésiSaasrtaigqousess.e ,Leaincshiemqiune •de Montpellier à Nismes était occupé par les habitans de Montpellier, qui sortirent pour aller à sa rencontre. Pierre de la Judicia, archevêque de Narbonne , à la tête du clergé séculier et régulier fut au-delà de Castelnau. Les curiaux du roi de France pour la rectorie ou part antique, et ceux du roi de Navarre, pour Montpellier, venaient ensuite. Les consuls l'attendirent à Castelnau avec un dais de drap d'or; ce dais était garni de plusieurs écussons aux armes du pape et de la ville, avec vingt-quatre clochettes d'argent doré. Huit des douze consuls portaient le dais, et les quatre autres marchaient à la droite du pape, qui était à cheval , jusques au couvent des Augustins, situé au faubourg , près le pont du S. '-Esprit. Le pape s'arrêta dans ce couvent pour se revêtir de ses habits pontificaux, avec lesquels il voulait faire son entrée; puis, remontant à cheval, il continua son chemin, toujours sous le dais, jusqu'à la porte du Pila-Saint-Gély. Là, il trouva le duc d'Anjou, frère de Charles V, qui était venu à Montpellier exprès pour le recevoir. A l'approche d'Urbain, ce prince descendit de cheval et se mit au côté droit du pape. En ce même endroit, le pape écouta avec beaucoup d'intérêt la harangue du recteur de la part antique , vénérable vieillard qu'il avait beaucoup connu , et qu'il embrassa. Accompagné du duc d'Anjou, des consuls, et précédé du clergé , il fut à pied et processionnellement jusqu'à l'hôtel-de-ville , où l'on avait préparé son logement.

Le pape se rendit ensuite à l'église de Notre-Dame-des-Tables pour y faire sa prière , et de retour à son logement, il y reçut les hommages des seigneurs de la province qui s'étaient rendus à Montpellier, et des premiers corps de la ville. Lorsqu'il eut entendu les harangues, le pape voulut aller visiter l'église de S. '-Germain; il se fit encore revêtir de ses habits pontificaux, et monta à cheval, suivi de l'archevêque de Narbonne, et des consuls qui marchaient après ses gardes. Il fut reçu dans cette église avec toute la pompe due à sa dignité.

Quoique le vaisseau en fût assez spacieux, le pape n'en parut pas content, et s'adressant à l'architecte, vous deviez faire une église, lui dit-il, et voilà que vous n'avez fait qu'une chapelle. Puis en examinant les plans du cloître, il ajouta : je ne trouve guère à propos que l'on ait fait la maison des serviteurs si grande , et celle du maître si petite. Mais la construction était trop avancée pour y retoucher. On se contenta de perfectionner l'église, et de la préparer pour sa dédicace que le pape voulait faire.

Tandis qu'on y travaillait avec une diligence incroyable, les consuls commandèrent un tabernacle d'argent, où ils firent enchâsser une image dela vierge en argent doré , avec beaucoup de pierreries , dont le pape leur avait fait présent pour orner tout l'ouvrage. Dès qu'il fut achevé , on le porta processionnellement, le 3o janvier, avec les têtes de S.VBlaise et de S.VBenoît, dans la nouvelle église, et à la cérémonie qui eut lieu à cette occasion , l'archevêque de Narbonne officia en présence de Sa Sainteté.

Le dimanche, 14 février, jour fixé pour la dédicace , le pape , assisté des douze cardinaux qui étaient venus avec lui à Montpellier , et d'un grand nombre de prélats en habits pontificaux , consacrale grand autel à l'honneur de la Vierge Marie ^t de Saint Benoit; il marqua l'autel de la droite pour Saint Biaise , et celui de la gauche pour Saint Germain. Après cela il chanta la messe pontificalement et béait le peuple. Le soir on revint à l'église pour y chanter vêpres, après lesquelles l'archevêque de Narbonne prêcha, et publia les indulgences accordées par le souverain pontife , les cardinaux et les évêques.

L'église avait été tendue intérieurement pour cette cérémonie, de grandes tapisseries à la persienne, depuis le haut des voûtes jusqu'aux pieds des piliers. Ces tapisseries demeurèrent en propriété au monastère , ainsi que la chapelle dont le pape s'était servi ce jour-là.

Le 2 i février i 367, le cardinal de Canilhac , évêque de Préneste , sacra , dans la même église , plusieurs évêques , parmi lesquels était Begon , de Castelnau, docteur-ès-lois de l'université de Montpellier, que le pape Urbain avait nommé à l'évêché de Cahors.

Le pape repartit , le 8 mars , pour se rendre à Avignon , où l'accompagnèrent les consuls de Montpellier.

On avait établi , sur les deux côtés de la façade de l'église, deux tours carrées pour servir de clo chers. Ces tours avaient des ouvertures pour recevoir plusieurs cloches ; dans ce moment on n'en fit faire que deux ; les annales de Montpel lier indiquent l'époque où elles furent placées, ainsi que le nom qu'on leur donna. Elles dési gnent aussi la tour, où elles furent attachées, de manière à ne laisser aucun doute que cette tour est celle qui existe aujourd'hui, et qui sert encore au même usage. « Le 2o août 1367 , dit » le Talamus , la grosse cloche de notre Saint » Père le Pape fut montée sur la grosse tour, proche » le portail de l'église, du côté des murs de la » ville, laquelle cloche a nom Urbain; et lé lundi » après (le 23) fut montée la seconde cloche en » ladite tour, qui fut appelée Germain.» On travaillait encore à bâtir le monastère qui était contigu à l'église du côté du couchant, lorsqu'on vit paraître la bulle de fondation de ce monastère, donnée à Saint-Pierre-de-Rome , le 1.er février 1368, la sixième année du pontificat d'Urbain. Par cette bulle , le pape exprima le désir et la vo lonté de propager l'ordre de S.VBenoît , qui tenait un rang distingué dans l'Église, et dont il avait embrassé la règle dès sa jeunesse. Il ordonna que, tant pour l'augmentation du culte divin, que pour l'entretien des belles - lettres , l'église qu'il avait fondée , et en grande partie dotée , dans la ville de Montpellier, où les études, surtout celles de droit, florissaient depuis long-temps, et les bâtimens construits et à construire sur les terrains adjacens, formassent un prieuré conventuel du même ordre , et que ce prieuré fût soumis à l'au torité et à la juridiction du monastère Saint-Victor, de Marseille. Qu'il y aurait dans ce prieuré vingt religieux bénédictins composant la communauté, laquelle serait régie par un prieur annuel, et que pour - les aider à célébrer l'office divin, on ferait choix de douze prêtres séculiers. Qu'il y aurait de plus seize autres religieux en-* voyés par l'abbé de Saint-Victor , de Marseille, et pris, soit dans son propre monastère , soit dans les prieurés en dépendant, pour étudier le droit cano nique dans l'université de Montpellier , et servir au culte divin. Que parmi les cloîtriers , il y aurait quatre places, et parmi les étudians six, qui seraient rem plies par des religieux natifs de la ville ou du diocèse de Mende , si toutefois on en pouvait trouver assez pour former ce nombre. Qu'enfin le nouveau prieuré jouirait des mêmes immunités , libertés , exemptions et priviléges , dont jouissait le monastère de S. '-Victor , de Marseille. Le roi Charles V voulut concourir à l'exécution des pieux desseins du Pape. Il fonda , de son côté , une chapellenie dans cette église de Montpellier pour des chapelains bénédictins; et par ses lettrespatentes , qui précédèrent même la bulle de fonda tion , puisqu'elles sont datées du 1 8 octobre 1 367, il ordonna que cette chapellenie serait érigée en l'hon neur de Saint-Louis. Il assigna aux chapelains qui la desserviraient une rente de 4o liv., sur le consulat et la communauté de Saint-Pons-de-Mauchiens, dans le diocèse de Béziers , une maison à Magalas , dans le même diocèse, et quelques autres revenus. Urbain V mourut le 1 9 décembre 137o, sans avoir vu achever le monastère qui lui tenait si fort à coeur; mais il avait chargé Anglic Grimoard son frère, cardinal d'Albe , de suivre ce qu'il avait commencée Ce cardinal venait de fonder à Montpellier l'église collégiale de Saint-Ruf; bien que cet objet l'occupât encore, il avait à vaquer, comme un des exécuteurs testamentaires du cardinal Raymond de Canilhac, à l'établissement de l'église collégiale de la Trinité, fondée par ce dernier dans l'île de Maguelonne. Mais quelles que fussent ses occupations , elles ne l'em pêchèrent pas de donner ses soins à l'exécution des intentions de son frère. • Les bénédictins qui s'étaient déjà mis en possession de l'administration des biens du prieuré de Saint- Germain, crurent devoir demander à Charles II, roi de Navarre , à qui la baronnie de Montpellier appartenait, de nouvelles lettres-patentes d'amor tissement, pour les acquisitions faites par ce prieuré. Sur la supplique qu'ils lui présentèrent , Charles II , par ses lettres données à Montpellier, le 2o juillet 1 37a , autorisa les acquisitions , et fit rémission à ces religieux de tout ce qui pouvait lui être dû à cet égard. Ces lettres contiennent l'énumération de tout ce qui avait été acquis jusqu'alors. C'étaient quarantehuit maisons dans Montpellier , presque toutes si tuées entre la rue des Carmes et les murailles de la ville ; des prairies à Lattes , un moulin au pont de Castelnau, des fiefs, des censives, etc., le tout d'un revenu de quatre cents livres, Lorsque tous les bâtimens du monastère S. '-Ger main furent terminés, le u septembre 1372, le cardinal Anglic fit la cérémonie du sacre, et dédia la première chapelle, sur la droite en entrant, à S.'e Marie, la seconde à S.' Victor, la troisième à S. te Cécile, la quatrième à S.'e Ursule et aux onze mille vierges , la cinquième à S.' Martin , et la sixième à S.'e Catherine ; et sur la gauche , la pre mière à S.te Marguerite, la seconde à S.' Louis; c'était celle où devait s'exécuter la fondation de Charles V; la troisième à la S.'e-Croix , la qua trième à S.,e Marie - Magdeleine , la cinquième à S.' Lazare , et la sixième à S.' Michel. Le local que le monastère S. '-Germain occupait,; était borné au levant par la rue qui allait du puits des Esquilles à la porte des Carmes (1); au couchant, par le mur de ville ; au midi , par le plan dit au jourd'hui de Saint-Pierre; plan qui appartenait au prieuré, comme faisant partie des acquisitions faites par le pape Urbain , ainsi que l'énoncent les lettrespatentes du 28 octobre 1364; et au nord , par la petite rue qui conduit à la maison acquise par la ville , pour l'usage des dames de Saint-Maur. L'église placée dans l'angle de cet espace, au levant et au midi, avait en longueur vingt -sept toises trois pieds et quatre pouces dans oeuvre , de i puis la porte d'entrée jusqu'au chevet , et en lar geur, treize toises un pied quatre pouces du fond d'une chapelle à l'autre. La largeur de la nef , en mesurant d'un pilier à l'autre , est de sept toises deux pieds. Les cinq chapelles latérales les plus rap prochées du sanctuaire ont une égale dimension , de trois toises de largeur intérieure, et de trois toises de profondeur prise du niveau de la saillie des piliers. Les deux chapelles qui sont de chaque côté de la porte d'entrée principale , ont chacune trois toises de largeur, sur quatre toises trois pieds quatre pouces de profondeur, prise du niveau de la saillie des piliers de la nef. A droite et à gauche du sanctuaire, étaient deux chapelles moins grandes que les autres, dédiées, ainsi qu'on l'a déjà vu, celle de la droite à S.' Biaise, et celle de la gauche à S.' Germain. Chacune de ces cha pelles avait une toise quatre pieds et demi de largeur dans oeuvre après le pilier, sur deux toises un pied et demi de profondeur. Le sanctuaire , séparé par un mur de ces deux chapelles , avait quatre toises cinq pieds et demi de profondeur, sur quatre toises de largeur. Il pré sentait, dans le fond, les trois côtés d'un octogone régulier; chacun de ces côtés avait une toise trois pieds et demi. Des contre-forts étaient construits à chaque angle extérieur du polygone , pour op poser une résistance convenable à la poussée de la voûte, qui terminait l'édifice dans cette parties La nef, haute de quatorze toises , est voûtée en croisée d'ogive, avec des pilastres ornés de moulu res gothiques , portant les arcs doubleaux de la voûte. L'élévation des chapelles est aux deux tiers de celle de l'église. Les quatre angles de la nef étaient flanqués d'au tant de tours carrées d'une dimension inégale. Celles qui étaient à la partie antérieure de l'église sur les chapelles de S.'e Marie et de S.'e Marguerite, avaient vingt-quatre toises de hauteur et cinq de largeur sur chaque face. Les deux autres qui portaient sur les chapelles de S.'e Catherine et de S.' Michel, étaient moins hautes et moins larges : les premières avaient au-dessus du couvert de l'église quatre ouvertures à chaque face, destinées à recevoir des cloches, deux sur chaque rang ; les autres tours , placées du côté du sanctuaire, avaient également quatre ouvertures, deux à chaque rang sur leur longueur, et une seule à chaque rang dans leur largeur; les unes et les autres surmontées de créneaux , de forme pyramidale quadrangulaire, ornés sur les angles de bossages en forme de feuille de chou , ornement en usage dans l'architecture de ce temps. La porte de l'église était à deux battans, séparés par une colonne canelée , d'une espèce de pierre grise , dure, et polie comme le marbre. On voyait au-dessus du chapiteau deux figures d'un beau dessin , représentant la Prudence et la Patience^ La boiserie de la fermeture était couverte de lames de fer , et tournait sur des pivots de bronze. Sur la porte, extérieurement, était une statue de la Vierge, portant son fils entre ses bras, au milieu des douze apôtres, chacun dans sa niche, et l'on aperçoit encore quelques pans d'une moulure ou espèce de doucine, qui descend perpendiculaire ment sur la partie qui reste du mur de l'ancienne façade du côté du couchant ; ce qui porte à croire que la façade de l'église était encadrée dans une semblable moulure. Au-dessous de la niche de la Vierge, était une table de marbre, sur laquelle était gravée cette inscription : Urbanus V pont. max. rnonasterium et Collegium hoc scientiarum seminarium , pro sua in christianam religionem et ordinem S. Benedicti pietate a fundamenlis extruxit, et dota vil. Ann. virginei parlas MCCCLXV1. Le péristile ou porche, au-devant du portique, est composé de deux piliers massifs , de forme ronde, terminés en cône dans leurs parties supérieures, ayant chacun quatorze pieds de diamètre , et établis, à quatre toises et demie de distance du mur de fa çade ; ces piliers servent à supporter une voûte éga lant la hauteur de l'église. Cette voûte est à quatre pendentifs qui prennent naissance au-dessous de la partie conique des piliers , et vont s'appuyer au mur. de façade. Outre l'entrée principale de l'église , il en exis» tait une latérale dans la troisième chapelle à droite , en entrant. Elle avait à l'extérieur un péristyle : on eu juge par l'existence de la naissance d'un arceau qui prend sa direction sur la rue, ainsi que d'uu arc doubleau qui se dirige diagonalement sur la même rue ; ce qui prouve que la voûte était à quatre pendentifs et soutenue par des piliers, ou; par un mur de pourtour , auquel pouvaient être pratiquées différentes ouvertures. Le bâtiment qui formait le monastère était à l'occident de l'église. Ses murs épais de près d'une toise, s'élevaient jusqu'à sa hauteur. Ils étaient ter minés , du côté du midi , par un entablement de pierre, en forme de meurtrières, dont la plupart se voient aujourd'hui, où les eaux des couverts venaient se rendre dans uu canal creusé dans toute la longueur, pour s'écouler par les tuyaux. Ce bâtiment avait trois corps-de-logis, au milieu desquels était une grande cour ou jardin; mais du côté de l'église il n'y avait qu'un simple cloître de deux toises de largeur, voûté en arc d'ogive, qui subsiste encore en son entier. On voit au-dessus une terrasse par laquelle on communiquait aux corpsde - logis ; on l'avait laissée ouverte pour ne pas masquer le jour des fenêtres de l'église et des cha pelles. Un autre cloître avait été construit au-devant une galerie ouverte qui régnait autour du troisième; et afin qu'on pût y marcher à l'abri de la pluie, on y avait fait un to1t de charpente: ceci est démontré par la forme des trous qui avaient été pratiqués pour les solives, dans la lon gueur du bâtiment, et qu'on voyait avant la révolu tion. Ce toît venait reposer sur des piliers de pierr e sortant d'une balustrade à hauteur d'appui , audessus des voûtes; on montait au quatrième étage par divers petits degrés placés dans l'intérieur du bâtiment. On ne connaît pas la distribution qui avait été faite des logemens, du couchant et du midi. Quant au quatrième côté, celui du nord, on voit encore qu'il avait cinq toises de largeur dans oeuvre. Le mur regardant la cour ou jardin s'ap puyait , par une de ses extrémités , sur la tour ou clocher qui était au-dessus de la chapelle S. '-Michel, avec lequel il faisait un angle. Le mur de derrière était soutenu par des contre-forts, et venait se lier, en se recourbant, à un des appuis du sanctuaire. La distribution des pièces au rez-de-chaussée avait une avant-sacristie formée du côté et du derrière de la petite chapelle S.'- Blaise; la sacristie, le réfec toire et la cuisine. L'infirmerie paraissait être, selon d'Aigrefeuillé , dans le haut de ce corps-de-logis, du côté de l'Eglise. L'entrée principale de la maison était du côté de la rue des Carmes. Quoique l'on voie aujourd'hui une petite porte à plein cintre et murée, à la partie du bâtiment placée vis-à-vis l'ancien collège de S.'-Ruf, on ne peut pas dire qu'il y eût une entrée de ce côté , parce que cette porte est d'une construction plus moderne que le reste du bâtiment. D'ailleurs le terrain qui est au pied de la façade n'était pas, comme aujourd'hui, au niveau du seuil de la porte de l'Église ; il était plus élevé , et cela paraît évi dent, si l'on remarque, i.° que l'empatement de fondation du mur de la façade se trouve à présent hors de terre; i.° qu'il existe un lopin de terre où l'on a fait un petit jardin en-delà du pont, qui fait connaître quelle était l'élévation du sol. Cet état des lieux ne peut donc pas porter à croire qu'il existât là une porte d'entrée. On sait seulement qu'il y avait à l'extérieur de la façade, cinq contre-forts placés à vingt-deux pieds de distance l'un de l'autre et de la hauteur du bâtiment. On reconnaît encore les vestiges de trois de ces contre-forts. Un escalier avait été pratiqué dans chacun des trois corps-de-logis. L'escalier du corps qui est au midi , vis-à-vis l'ancien collège de S.'-Ruf , se trouvait à l'extrémité de la partie que l'on voit aujourd'hui réparée, et plus près de l'église que des murs de la ville. Il était derrière la ligne perpendiculaire qui marque extérieurement la partie réparée, et celle qui ne l'a pas été. Quant aux deux autres esca liers, nous ignorons en quel endroit ils étaient placés. On ne pouvait arriver aux uns et aux autres que par la cour ou jardin situé au milieu du cloître. Derrière le bâtiment, du côté du nord, était un grand espace occupé par un cimetière pour les religieux, et une ménagerie; le surplus servait de jardin. On sait que le cimetière était derrière le sanctuaire de l'église, du côté de la rue, puisqu'au commencement du i8.e siècle, en agrandissant la maison curiale Saint-Pierre que l'on avait établie en cet endroit , on y trouva plusieurs bières ren fermant des corps revêtus de chasubles et de dalmatiques , avec des galons d'or et d'argent. Les bâtimens qui servaient à la ménagerie, aux offices et aux autres usages des religieux, devaient être du côté des douze pans du mur de ville, d'après l'indication qu'en donnaient des naissances d'arceaux qui existaient, soit à l'extérieur des murailles du monastère , soit à une muraille limitant une partie de cet enclos le long des douze pans. Le monastère avait une porte qui donnait dans le fossé de la ville; on l'appelait la porte S.' -Ger main. Elle existait encore , quoique fermée , sur les murailles de la ville, avant l'agrandissement du palais épiscopal. La dépense qui fut faite pour l'entière construc tion du monastère S'.-Germain et de l'Église, excéda sept mille francs , mais elle ne seleva pas à huit. Cette dépense est constatée par l'abbé de MoLssac , un des écrivains de la vie d'Urbain V, et par le grand Talamus de Montpellier , qui dit que le pape avait employé à ces bâtimens la somme de sept mille six cent quatre-vingts florins. Quoique l'abbé de Moissac parle de francs et que le Talamus se serve de l'expression de florins , cela ne doit pas être considéré comme une différence , parce que le florin valait vingt sous. Les religieux de S.1 -Germain eurent encore besoin , à cause du changement qui avait eu lieu dans le gouvernement de Montpellier, passé sous la domination da roi de France, de lettres-patentes pour la fondation de leur prieuré , et la conser vation des biens qu'ils avaient acquis. Charles VI les leur accorda, au mois de juin 139a, en ap prouvant et confirmant dans leur entier celles que le feu roi, son père, leur avait données, le 28 octobre 1364, et qui furent transcrites dans ce nouveau diplôme. Nous ne savons pas en quoi consistait toute la dotation de ce prieuré, faite par le Pape, quoique nous sachions qu'il lui avait destiné des biens d'un revenu de mille florins; mais ces revenus, joints au produit de la sacristie et de tout autre casuel, de vaient être assez considérables pour lournir à l'en tretien de trente-six religieux, et à celui de douze prêtres séculiers qui les aidaient à célébrer l'office divin, ainsi qu'à toutes les autres dépenses de la maison , tant qu'elle a été sous la règle de S.' Benoît. On peut juger de l'aisance ou plutôt de l'opu lence de cette maison par les ornemens , vases sacrés, reliquaires et autres effets placés dans la sacristie de l'église, et dont il était fait, de temps à autre, des inventaires en présence des consuls de Montpellier. Saint-Germain était une des églises les plus fré quentées parmi celles qui existaient à Montpellier, soit parce qu'elle était la plus vaste, soit parce que les offices divins s'y célébraient avec beau coup plus de solennité : lorsque quelque cérémonie importante et religieuse devait avoir lieu , c'était dans cette église qu'on la faisait de préférence. Nous trouvons dans l'histoire de Languedoc , qu'en 1519, il fut fait dans l'église S.'-Germain un ser vice solennel pour le cardinal Antoine Boyer, arche vêque de Bourges. Les États de cette province, par considération pour Henri Boyer, général de finances, frère de ce prélat , et leur arbitre à raison de la suppression des offices d'élus , receveurs , gref fiers , etc. , assistèrent en corps à ce service , et donnèrent cent torches de cire de trois livres pesant chacune, avec les armes qui étaient au champ d'azur semé de fleurs de lis d'or. Quant aux Religieux , ils vécurent plus d'un siècle et demi dans l'observance de leurs règles, ayant pour objet le culte divin et l'étude du droit cano nique.

Chapitre II

A.U commencement du seizième siècle , Montpellier était déjà une ville considérable, puisqu'il y avait une cour des Aides, une chambre des Comptes, un hôtel des Monnaies, une Université fameuse; qu'il s'y faisait un grand commerce , et qu'on y voyait beaucoup d'églises. Mais il n'y avait pas d'église cathédrale, parce que le siége épiscopal était à Maguelonne. Maguelonne était une ancienne ville, située entre la mer et l'étang , à une lieue et demie de Montpel lier. Elle avait embrassé le parti des Sarrasins contre le prince Charles Martel et les Français. Son port , ouvert aux Sarrasins qui venaient d'Es pagne , leur donnait le moyen de faire de ce lieu une place d'armes, d'où ils exerçaient impunément la piraterie , et infestaient toute la côte. Pour leur ôter cet asile , Charles Martel fit raser entièrement cette place , en 737. Quoique l'église cathédrale seule y eût été conservée, elle fut cependant dégra dée , ce qui engagea l'évêque et son chapitre , qui n'avaient d'ailleurs plus d'habitations dans cette île t à se retirer à Substantion , pour y célébrer leurs of fices. Us y demeurèrent trois cents ans. En 1o37 , Arnaud , évêque de Maguelonne , d'après les conseils et l'autorisation que lui donna le pape Jean XIX , fit assembler plusieurs évêques , et , avec leur aide , il trouva les moyens de faire réparer l'église de l'île de Maguelonne , et de construire des maisons dans cette île qu'il fit ceindre de murs et de tours ; il fonda ainsi une nouvelle ville qu'il alla habiter avec ses cha noines. Pour mettre l'île à couvert des insultes des Sarrasins , il fit combler le port , et en fit ouvrir un autre du côté de la terre ferme , où l'on éleva un pont de communication. Mais peu à peu les habitans s'en éloignèrent à cause du mauvais air qu'on y respirait , et des maladies et accès de fièvre qui en résultaient. Les maisons tombèrent en ruine ; il n'y resta plus aucune marque de cité ; c'est dans ce dernier état qu'elle se trouvait dans le seizième siècle. Des chanoines vivant sous la règle de S.' -Au gustin faisaient le service de la cathédrale. 1l n'y avait dans l'île d'autres habitans que ces chanoines et ceux de la collégiale de la Trinité. Plusieurs d'entre eux résidaient, même la plupart du temps, à Montpellier où ils avaient leurs maisons. Tout cela faisait sentir la nécessité de transférer dans cette dernière ville le siége épiscopal , ainsi que l'église mère du diocèse , et tout le monde désirait cette translation. Mais elle était désirée bien davantage par Guil laume de Pélissier, second de ce nom, alors évêque , et par son chapitre , toujours en peine de trouver des sujets qui voulussent embrasser la vie religieuse dans la cathédrale. L'occasion d'exprimer leur désir ne tarda pas à paraître : on la saisit avec empressement. François I.er, parcourant le Languedoc, vint à Montpellier, au mois d'août 1533. Il écouta les prières que les habitans , avec l'évêque et les cha noines , lui firent de s'intéresser à la translation projetée. Après avoir visité l'île de Maguelonne, le Roi approuva les motifs de leur demande, et promit de l'appuyer auprès du Pape. Sur cette promesse , on ne douta plus du succès du projet. On s'occupa dès lors du plan d'après lequel les voeux communs pouvaient s'accomplir. Ce plan fut envoyé au Pape. La mort de Clément VII suspendit pour quelque temps l'expédition des affaires portées à la Cour de Rome ; mais dès que Paul III fut installé , les parties intéressées firent de nouvelles démarches pour obtenir la bulle déjà sollicitée. De son côté , François I.er agit auprès du nouveau Pape , et lui fit connaître , tant par écrit que par l'organe de l'évêque de Mâcon, son ambassadeur à Rome, les motifs qui devaient le déterminer à permettre la translation. Avant de statuer sur toutes ces demandes , Paul III voulut s'assurer du consentement de l'évêque et du chapitre de Maguelonne , de celui du prieur et des religieux de S. '-Germain , ainsi que de celui du cardinal de Trivulce , abbé commandataire dé l'abbaye de S. '-Victor, de Marseille. Il obtint leur consentement. Paul III donna sa bulle , le six des calendes du mois d'avril 1536 (27 mars 1536).' Par cette bulle , le Pape réduit à l'état séculier l'église cathédrale Saint- Pierre de Maguelonne, érige l'église du monastère S.' -Benoît de Mont pellier en église cathédrale séculière , sous l'invo cation de S. '- Pierre , apôtre ; nomme Guillaume Pélissier, évêque de Montpellier ; organise le cha pitre de ce diocèse ; enfin , permet que les autels , les reliques, les ornemens et autres objets qui sont dans l'église de Maguelonne, soient transportés dans celle de Montpellier (1). Il est dit aussi , dans la même bulle , que, pour la garde de l'île et de l'église de Maguelonne , on nommera un capitaine avec deux soldats ; et que , service des personnes nécessaires à l'église de cette île , on désignera trois hommes , dont un boulanger qui sera en même temps cuisinier , un sonneur de cloches (1; , et un batelier. La publication de cette bulle fut faite par Pierre Lambert , évêque de Cazerte , légat du Saint-Siége en France, et un des commissaires du Pape, le 19 juin 1536. Guillaume Pélissier, ayant reçu de la part de l'évêque de Cazerte , et la bulle et l'acte de sa publication , les fit notifier tant aux religieux du monastère S. '-Germain qu'aux chanoines réguliers de la cathédrale de Maguelonne. La commission pour l'installation des nouveaux chanoines fut dé férée à Pierre Trial , bachelier en droit canon , prieur de la Roque-Ainier et un des collégiés de l'église S.'e-Anne. Celui-ci accepta cette commission avec respect et soumission. Le jour pris pour l'installa tion , il se rendit dans la grande salle du réfectoire du monastère , où les religieux et les chanoines étaient assemblés, et après avoir fait lecture des mandats apostoliques qui lui furent remis, il se mit en devoir de les exécuter. Il ordonna, en vertu de la sainte obédience, aux personnes assem blées , d'avoir à se conformer dans les cérémonies , le rit, le rang, les vêtemens et la manière de vivre, à ce que faisaient les chanoines séculiers des églises cathédrales circonvoisines. Les cha noines et les religieux obéissant à cette injonction, se dépouillèrent des habits réguliers qu'ils avaient accoutumé de porter, et se revêtirent aussitôt de vêtemens et de surplis, tels que les portaient les prêtres séculiers. Lorsqu'ils furent ainsi mis uni formément, ils sortirent de la salle du réfectoire et furent deux à deux jusqu'au cimetière , d'où ils marchèrent dans le même ordre vers la porte principale de l'église. S'étant arrêtés là, une nou velle réquisition fut faite au prieur Trial, de /a part des syndics du chapitre, qui lui présentèrent encore les mandats et les lettres apostoliques ; alors ce commissaire se mit à la tête de tous les cha noines et religieux; il les introduisit dans l'église, leur donna de l'eau bénite, ainsi qu'aux assistans par aspersion : puis , faisant avancer les récipien daires près le grand autel , il le leur fit baiser et leur donna le missel à ouvrir ; il les conduisit ensuite dans la salle capitulaire, fit placer chaque membre du nouveau chapitre selon le rang qu'il devait avoir ; et les ayant ramenés à l'église , il les fit entrer dans le choeur et asseoir dans les stalles qui leur étaient affectées ; on entonna le Te Deum, qui fut chanté avec l'accompagnement de l'orgue; l'hymne fini, on célébra avec beaucoup de solennité la messe du Saint-Esprit. Ce commissaire ayant ainsi procédé à l'installa tion, il lut à haute voix les noms des dignités, personnats , chanoines majeurs et mineurs de l'église cathédrale, soit présens, soit absens; il proclama les uns et les autres transférés , sécularisés et installés, et en fit dresser un acte authentique, sur la demande des syndics, lequel fut reçu par Guillaume Jaymaris , notaire de Montpellier , et se crétaire du chapitre. Lorsque le chapitre cathédral de Montpellier fut" installé, il s'occupa du recouvrement des revenus, tant de l'ancien "chapitre de, Maguelonne que du prieuré S.'-Germain , qui devaient être réunis et ne former désormais qu'une seule masse. Il donna à cet effet les pouvoirs que les circons tances exigeaient, et régla ensuite ce qui re gardait la célébration de l'office divin , à l'exemple de ce qui était observé dans les autres églises cathédrales. Il créa un office de bedeau ; et comme ses fonc tions étaient principalement, d'être toujours au choeur, de marquer les cérémonies et de précéder les célébrans , le chapitre crut devoir faire remplir cette place par un prêtre ; le premier qu'il y nomma fut Louis de Dorne. Sa nomination acte reçu par Guillaume Jaymaris , sfoutusfalitaedpaatre udnu 1 5 mars 1537 (1). L'évêque Pélissier, à la prière des chanoines de Maguelonne et des religieux de SAGermain, avait été à Paris et à Rome, pour solliciter le consen tement du cardinal de Trivulce , abbé de S.'- Victor, de Marseille, et la bulle de sécularisation et érection de la cathédrale de Montpellier. A son retour en cette dernière ville, il s'aperçât que le chapitre avait contrevenu , sur plusieurs points , à la bulle. Il réclama, et toutes les discussions qui s'étaient élevées à ce sujet entre son chapitre et lui, furent terminées par une transaction reçue par le même Jaymaris, notaire, le 2o mai 1538. Nous ne parlerons que de deux articles de cette transaction. Le premier concernait les frais que l'évêque avait faits pour ses voyages , ou pour l'ex pédition à la chambre apostolique de la bulle de sécularisation , et dont il demandait le rembour sement au chapitre , ainsi que des revenus de ses prébendes dont il n'avait rien perçu , depuis que la bulle avait été mise à exécution. Le second était relatif au logement qu'il voulait avoir dans l'ancien monastère de S.t -Germain, qu'il était convenu verbalement de lui donner, dans une étendue suffisante et convenable à sa dignité. L'évéque avait d'ailleurs dans la ville une maison d'habitation qui dépendait de la mense épiscopale , et qu'on appelait la Salle de FÉveque^ Par la transaction que nous venons de citer , il fut convenu, 1.° que l'évéque donnerait aux com missaires du chapitre l'état des dépenses qu'il avait faites , et que ces commissaires lui en feraient le payement, ainsi que du montant du fruit de ses prébendes; a.° que le chapitre lui céderait, pour se loger, deux parties de la maison claustrale , dans lesquelles ne seraient pas comprises les pièces du rez-de-chaussée. Guillaume Pélissier était un des savans de son siècle. Non - seulement il s'était livré à l'étude de l'histoire naturelle et de la botanique , mais il était versé encore dans la connaissance des langues grecque , hébraïque et syriaque. On assure qu'il a laissé des commentaires sur Pline , qui ont été perdus (1) ; son érudition le fit choisir par, François 1." , pour aller à Venise , et y acheter des manuscrits pour la bibliothèque de ce roi. Il fit , en effet, l'acquisition des plus rares manuscrit» en ces langues. Lorsqu'à quelques-uns de ces ouvrages il manquait des feuillets, il les faisait réta blir, en copiant ce qui manquait sur d'autres exem plaires qu'il se procurait ; il faisait en outre copier des livres entiers qu'il ne trouvait pas à acheter, et qui n'étaient pas dans la bibliothêque du Louvre; et à mesure qu'il en avait recueilli un certain nombre, il les envoyait à Paris. On voit, dans une lettre qu'il écrivit à François I.er , le 29 août 154o, rapportée par Gariel, qu'il avait auprès de lui beaucoup de copistes, et qu'à raison de cela, il demandait des fonds au Roi. Après la mort de François I.er, en 1547, Pélissier revint à Montpellier , et y reprit les rênes du gou vernement de son diocèse ; il y trouva les chanoines de sa cathédrale divisés entre eux. Le motif de cette division provenait de la distinction faite par la bulle de sécularisation , entre les chanoines majeurs et les chanoines mineurs , distinction que ceux-ci ne pouvaient supporter, à cause de la dif férence qu'elle établissait dans les revenus. Leurscontestations avaient été si vives, qu'elles avaient été portées non-seulement au parlement de Tou louse, mais encore au conseil d'état, et même à la cour de Rome. Pélissier, à qui cette affaire fut renvoyée, en 1549, proposa l'égalité des re venus, pendant la vie de tous ceux qui jouissaient des canonicats, à condition qu'on ne nommerait à aucun de ces bénéfices, jusqu'à ce qu'ils fussent réduits au nombre fixé par la bulle. Ce règlement eut la sanction du pape , du roi et du parlement ; et l'évêque assura de cette manière, dans le cha pitre, la paix et la concorde qui depuis quelque temps en avaient été bannies. En 1 557, il s'éleva une discussion entre le chapitre et les consuls, ouvriers et consuls de mer de Mont pellier, au sujet des places que ces officiers préten daient avoir dans l'église , d'après l'usage où ils étaient d'en jouir avant l'érection de cette église en cathédrale. Les syndics du chapitre s'opposaient à cette demande; les uns et les autres s'en remirent à la décision de Guillaume Pélissier. Ce prélat s'appuyant, dit Gariel (series proesulum), sur la maxime de l'Évangile, qu'il faut rendre à César ce qui est à César , et à Dieu ce qui est à Dieu, accorda aux officiers du consulat leurs places, et rétablit de nouveau la paix et la tranquillité dans le cha pitre cathédral. Mais cette paix et cette tranquillité ne furent pas de longue durée; elles furent bientôt troublées par des événemens qu'il n'était pas donné à la saga cité humaine de prévoir.