François Marie Joseph Lecourtier

De Marquerose
Aller à : navigation, rechercher


Biographie selon Fliche

Mgr François-Joseph LE COURTIER, qui a ajouté à ses prénoms celui de Marie, évêque actuel de Montpellier, est né à Paris le 24 frimaire an VIII (15 décembre 1799), ainsi qu'il résulte de l'acte suivant, transcrit sur les registres de la municipalité de Paris :

« Du vingt-cinq frimaire de l'an huit de la République française, une et indivisible. Acte de naissance de François-Joseph, né le jour d'hier six heures du matin, rue des Petits-Champs, n° 116, division de la halle aux bleds, fils de Jean-François Lecourtier, architecte, et de Aimable Oportune Richer, son épouse, mariés à Paris le dix nivôse, an sept ; Premier témoin : François-Joseph Pillion, âgé de cinquante-neuf ans, profession cordonnier, domicilié à Paris, rue du Four Honoré, n° 39. Second témoin : Marguerite-Agnès Richer, âgée de cinquante-sept ans, profession rentière, domiciliée à Paris, rue du Temple, n° 2. Sur la réquisition à nous faite dans les vingt-quatre heures par le père présent qui a signé avec les témoins LE COURTIER. — RICHER. — PILLION. Constaté suivant la loi par moi soussigné Barthélemi-Léger Trémeau. TREMEAU. »

Après de bonnes études faites au séminaire de Saint-Sulpice, où il reçut la prêtrise en 1823, M. Le Courtier fut appelé à exercer le saint ministère à Paris, et était premier vicaire de la paroisse de Saint-Étienne du Mont, lorsque Mgr de Quelen le nomma, en novembre 1830, à la cure des Missions étrangères, pour succéder à M. l'abbé Desgenettes, mort plus tard curé de Notre-Dame des Victoires. Les instructions familières qu'il faisait dans cette paroisse lui valurent une réputation méritée. Il quitta sa cure le 11 octobre 1840, pour devenir chanoine théologal du chapitre de Notre-Dame. Chanoine titulaire en 1849, curé-archiprêtre de cette église en 1850, M. l'abbé Le Courtier, vicaire général honoraire du diocèse d'Angers et prédicateur ordinaire de l'Empereur, fut nommé à l'évêché de Montpellier par décret du 5 juin 1861, et préconisé pour ce siège dans le consistoire du 22 juillet suivant.

Le sacre du nouveau prélat eut lieu à Notre-Dame le 24 août de la même année, au milieu d'une affluence qui remplissait littéralement l'enceinte de l'église métropolitaine. La cérémonie en fut faite par S. Em. le cardinal François-Nicolas-Madeleine Morlot, archevêque de Paris, assisté de Mgr Joseph-Armand Gignoux, évêque de Beauvais, et de Mgr Louis-Eugène Regnault, évéque de Chartres, en présence de NN. SS. Chalandon, arche-vêque d'Aix ; de Marguerye, évêque d'Autun ; Dupanloup, évêque d'Orléans ; Lyonnet, évêque de Valence ; Cruice, évéque élu de Marseille ; Maret, évéque élu de Sura ; Dubreuil, évéque élu de Vannes ; de Mgr Méglia, chargé d'affaires de la nonciature ; de M. l'abbé Coquereau, aumônier en chef de la flotte, et d'une députation du chapitre de Montpellier. Mgr Le Courtier arriva à Montpellier le 15 septembre suivant, et fut reçu comme un père qu'on attend et qui vient s'asseoir au milieu de sa famille. Il s'était fait précéder d'un magnifique Mandement où nous remarquons cette apostrophe à l'Église de Montpellier :

« Sainte Église de Montpellier, je te salue avec respect et avec amour. L'antique Église de Maguelone t'a apporté une généalogie de cinquante-sept évoques, qui, plus tard, sont venus donner la main à leurs frères établis par Paul III sur la montagne du Verrou, et de nos jours, le malheur des temps t'a enrichie de quatre diocèses qui t'ont faite l'héritière des saints. Oui, tu as hérité, heureuse Église, de Béziers et des vertus de saint Aphrodise d'Agde, et de la protection de saint Vénuste, de Lodève et de ses apôtres Florus et Fulcran ; de Saint-Pons, glorieux martyr dont le nom a prévalu sur le vieux nom de Tomières. Églises réunies, heureux affluents, nous ne perdrons pas votre mémoire, nous chercherons à la faire revivre, et s'il ne nous est pas donné d'ajouter vos noms au titre de notre siège épiscopal, ils vivront à jamais dans notre cœur. »

Les actes de l'épiscopat de Mgr Le Courtier ne sont point encore entrés dans le domaine de l'histoire. Nous laisserons donc aux historiens futurs du diocèse de Montpellier le soin de les raconter. On nous permettra toutefois de consigner ici que Mgr Le Courtier fut l'un des deux évoques qui, le 31 mai 1864, assistèrent Mgr Georges Darboy, archevêque de Paris, dans la solennelle consécration de la basilique métropolitaine de Notre-Dame de cette ville, et que lui-même, assisté de Mgr de la Bouillerie, évêque de Carcassonne, et de Mgr Maret, évêque de Sura in partibus, il conféra le 6 mai 1865, dans l'ancienne cathédrale de Saint-Nazaire de Béziers, l'onction épiscopale à notre bien-aimé compatriote, Mgr Étienne-Émile Ramadié, évêque élu de Perpignan.

Nous publierons également la lettre qu'il adressa à son clergé et aux fidèles de son diocèse à l'occasion de son prochain pèlerinage au tombeau des saints Apôtres. Cette lettre donne des détails sur un précédent voyage que le prélat avait fait dans la Ville éternelle.

« Montpellier, le saint jour de Pâques, 12 avril 1868.

» Il vous en souvient peut-être, nos très-chers Frères : le 13 mai de l'année dernière, nous prenions congé du souverain Pontife, pour vous rapporter les témoignages de son amour et ses abondantes bénédictions. » Deux de nos prêtres étaient alors prosternés avec nous aux pieds du Vicaire de Jésus-Christ, et déjà l'un d'eux a quitté la terre l Nous avons eu la douleur de perdre le P. Birouste, missionnaire diocésain et notre vicaire général à Béziers, ce bon prêtre que tout le diocèse a honoré de ses regrets, et qui vivra toujours dans notre souvenir affectueux.

» Notre audience de congé (Pie IX l'avait voulu ainsi dans sa gracieuse délicatesse) coïncidait avec l'anniversaire de sa naissance. Le Pape entrait dans sa 76e année, qu'il va accomplir le 43 mai prochain. » Nous ne répéterons pas, nos très-chers Frères, tout ce qu'il y eut d'émotions douces et saintes dans ces adieux. Nous vous l'avons déjà dépeint comme nous avons pu, et tout récemment une Notice nécrologique, écrite avec cette chaleur de cœur qui vous honore, vous rappelait comment votre évêque " était en ce solennel moment couvert des embrassements et des bénédictions du Pontife souverain . »

» Mais nous vous redirons les dernières paroles qui s'échangèrent alors entre le Père bien-aimé des chrétiens et humble fils qui est votre Pasteur : » Très-saint Père, si je guéris de mon infirmité, je reviendrai, l'an prochain, prier au tombeau des saints Apôtres, et célébrer à pareil jour l'anniversaire de votre naissance. » — Dans un an!... Me retrouverez-vous ? à mon âge ! » Oui, Saint Père, je vous retrouverai : ce n'est pas un simple vœu que mon cœur exprime, c'est une conviction que la foi me donne ; la prolongation de vos jours est nécessaire au bien et à la prospérité de la sainte Église. » « En effet, nos très-chers Frères, six mois après, l'orage était déchaîné contre Rome, et le monde catholique comprenait qu'il fallait sur le trône de saint Pierre, un pape environné comme Pie IX, du respect, de l'amour et de l'admiration de tout l'univers. — Sans lui, sans un tel Pontife, qui sait si la politique n'eût pas eu ses hésitations, si nos persécuteurs n'eussent pas été plus rapides que les aigles (1), et si nous aurions aujourd'hui le JAMAIS qui fait tant d'honneur à la France ! » Nous ne sommes pas entièrement rétabli, nos très-chers Frères, mais nous partons avec joie, puisque notre santé nous le permet ; nous partons d'ailleurs avec un prêtre dévoué qui nous environnera de ses soins éclairés, et nous espérons vous revenir avec une plus grande plénitude de forces. Nous allons donc à Rome ! nous allons donc prier pour vous et pour nous sur le tombeau de saint Pierre et de saint Paul ; nous allons revoir votre Père et le nôtre, célébrer sa naissance, lui dire nos vœux pour bien des années encore. Nous allons voir par nos yeux si ce vieillard notre Père est en bonne santé, et vous en rapporter des nouvelles précises et rassurantes. Nous allons lui offrir le premier semestre de vos offrandes généreuses, et solliciter pour notre cher diocèse de nouvelles bénédictions. » Et pour que la protection de Dieu nous garde pendant ce long voyage, pour que les vœux que nous exprimerons au chef de l'Eglise soient plus efficaces, nous ordonnons de réciter à haute voix un Pater et un Ave pour le souverain Pontife et pour nous, à chaque exercice du mois de Marie, dans toutes les églises et chapelles de notre juridiction. Avant la récitation, on indiquera aux fidèles l'intention de ces prières publiques. » Et sera notre présente lettre lue au prône le 26 avril prochain, dimanche du Bon Pasteur. » Recevez, nos très-chers Frères, avec nos adieux de départ et notre joie de vous revoir, l'assurance de notre inaltérable attachement. + FRANÇOIS, évêque de Montpellier. »

Outre un grand nombre de sermons reproduits en partie par les journaux catholiques et dans le tome 86 de la Collection des Orateurs sacrés, 2e série, publiée par M. l'abbé Migne, on doit à Mgr Le Courtier : Manuel de la messe ou explication de prières et cérémonies du saint sacrifice, Paris, Ad. Leclere, 1835, in-12, 1841, in-12, 1854, in-12. — Explication de l'Eucologe de Paris, pour tous les dimanches de Vannée, pour les fêtes d'obligation et de dévotion, et pour toutes les fêtes qui peuvent se rencontrer le dimanche, Paris, Ad. Leclere, 1837-1838, 2 vol. in-18. — Le Dimanche, Paris, Aug. Vaton, 1838, in-8°, 1849, in-18. — Exhortation en faveur des crèches du dixième arrondissement de Paris, prononcée en l'église Saint-Thomas d'Aquin, le 1er avril 1846, Paris, A. Vaton, 1846, in-12 de 28 pages. — Instructions sur les béatitudes évangéliques prêchées dans la chapelle des Tuileries (Carême de 1854), suivies d'un Sermon de charité en faveur des sourds-muets, Paris, Ad. Leclere, 1856, in-8° de 17 feuilles et demie, orné du portrait de Fauteur. — Instruction sur la présence réelle de Notre Seigneur Jésus-Christ au sacrement de l'Eucharistie, prêchée dans les églises métropolitaines de Paris et de Rouen, Paris, Ad. Leclere, 1856, in-8° d'une feuille et demie. — Un petit cierge à sainte Anne, — Sept sous et la protection de la sainte Vierge, Paris, Lesort, 1856, in-18 de 30 pages. Il s'agit dans cet opuscule de deux grâces obtenues dans la cathédrale de Notre-Dame de Paris, l'une par l'intercession de la sainte Vierge, l'autre par l'intercession de sa bienheureuse mère, sainte Anne. — Pieux conseils pour pratiquer la vertu au milieu du monde, traduits de l'italien, revus et corrigés, Paris, Lesort, 1857, in-32 ; —Allocution à l'Association des artistes musiciens de France, prononcée dans l'église métropolitaine de Notre-Dame de Paris le 25 mars 1857, Paris, 1857, in-12. — Conférences sur l'aumône, prêchées dans l'église métropolitaine de Paris (Carême de 1856), Paris, Ad. Leclere, 1856, in-8° de 16 feuilles. — Le Denier de saint Pierre, allocution prononcée à l'Abbaye-aux-Bois, Paris, A. Vaton, 1849, in-8° de 18 pages. — Retraite de la Pentecôte pour disposer les fidèles à cette solennité, Paris, Ad. Leclere, 1835, in-18.— Sermon prononcé le 18 mars 1851 dans l'église de la Madeleine en faveur de la Société d'éducation et d'assistance pour les sourds-muets en France, Paris, 1851, in-8° reproduit de l'Enseignement catholique, Moniteur de la Chaire, n° d'avril 1851, et réimprimé en 1856 avec les Instructions sur les Béatitudes. — Éloge de Jeanne d'Arc, prêché dans la cathédrale d'Orléans le 8 mai 1830 (imprimé par les soins de la ville d'Orléans), 1830, in-8°. — Mois de Marie en famille, à l'usage des enfants, Paris, 1858, Lesort, in-32, 344 pages. — Sermon de Notre Seigneur sur la montagne, expliqué et commenté, Paris, Ad. Leclere, 1866, in-18. — La Passion de Notre Seigneur. Jésus-Christ, selon la Concorde des quatre Evangélistes. Scène du jardin des Oliviers. — Scène de Jérusalem. — Scène du Calvaire, Paris, Ad. Leclere, 1866, in-18.

Chevalier de la Légion d'honneur le 20 avril 1853, Mgr Le Courtier a été promu officier de l'Ordre le 29 avril 1863.

Il porte pour armoiries : d'azur, à trois ancres d'argent, 2 et 1, et pour devise : Rectus et inclinans.