Les fêtes cardinalices à Rome et à Montpellier (source)

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Les fêtes Cardinalices à Rome et à Montpellier NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1911 MONTPELLIER MANUFACTURE DE LA CHARITE 1911

LES FÊTES CARDINALICES A ROME ET A MONTPELLIER

LES FÊTES CARDINALICES A ROME ET A MONTPELLIER Novembre- Décembre 1911

MONTPELLIER IMPRIMERIE DE LA. MANUFACTURE DE LA CHARITÉ (PIERRE-ROUGE) 1911

SA SAINTETÉ LE PAPE PIE X

A notre Illustrissime et Révérendissime Père en Dieu, Son Eminence le Cardinal de Rovérié de Cabrières, évêque de Montpellier, Agde, Béziers, Lodève et Saint-Pons de Thomières LE CHAPITRE CATHEDRAL, LU CLERGE, LES COMMUNAUTES, LES FIDELES DE LA VILLE ET DU DIOCESE SONT HEUREUX D'OFFRIR LEURS HOMMAGES RESPECTUEUX, LEURS FILIALES FELICITATIONS ET LEURS VŒUX. ILS SONT FIERS QUE PAR LE CHOIX DU SOUVERAIN PONTIFE, LE PAPE PIE X, GLORIEUSEMENT REGNANT, L'HONNEUR DE LA PO0RPRE CARDINALICE RECOMPENSE LES LONGUES ANNEES D'UN EPISCOPAT CONSACRE A LA DEFENSE DE L'EGLISE, DE SA DOCTRINE, DE SES DROITS IMPRESCRIPTIBLES ET DE S^ LIBERTE. ILS DEPOSENT AUX PIEDS DE LEUR CHEF ET DE LEUR PERE BIEN-AIME LA RESPECTUEUSE EXPRESSION DE LEUR ADMIRATION, DE LEUR OBEISSANCE ET DE LEUR AMOUR. Montpellier, le l9 décembre 1911

Le Cardinalat de Mgr de Cabrières

Le 28 octobre, Mgr de Cabrières recevait de S. E. le cardinalMerry del Val une lettre lui annonçant que le Pape Pie X venaitde le désigner pour faire partie de la prochaine promotion cardinalice qui devait être publiée au Consistoire du 27 novembre. « Dansce haut témoignage d'estime et d'affection que le Saint Père vousaccorde, ajoutait le cardinal Secrétaire d'Etat, vous verrez; la reconnaissance de vos mérites et des longs services rendus à l'Eglise, comme aussi une nouvelle preuve de l'affection du Saint Père pour la France. »

Les dépêches de Rome annonçant le prochain "Consistoire et l'élévation de Monseigneur à la dignité cardinalice étaient à peine connues et confirmées que l'heureuse nouvelle remplissait tous les cœurs de joie et de filiale fierté. Clergé et Fidèles — même ceux qui paraissent indifférents — acclamaient avec bonheur le nom du futur cardinal et se félicitaient du choix que le Souverain Pontife venait de faire, en élevant notre Evêque bien-aimé au rang des Princes de l'Eglise.

Depuis plusieurs siècles, aucun des sièges épiscopaux dont l'Eve-, que de Montpellier porte aujourd'hui le titre n'avait reçu pareil honneur : dans la personne de leur évêque, Montpellier et le diocèse se sentaient fiers de voir renouer de glorieuses traditions.

Dès la première heure, le vénérable Chapitre de la Basilique-Cathédrale et Messieurs les Curés de la Ville épiscopale vinrent, au nom du Clergé de tout le diocèse, apporter à Monseigneur leurs premiers hommages et leurs- premières félicitations.

Très touché de cette manifestation spontanée de respect et d'affection, Sa Grandeur exprime sa reconnaissance' envers le Souverain Pontife qui, en honorant l'Evêque, veut aussi honorer le Clergé et le Diocèse toujours si fermement attachés à l'Eglise Romaine et au Saint Siège.

Monseigneur rapporte à la protection spéciale de la Vierge Marie la grâce de la haute dignité qui va lui être. conférée et dans un sentiment de pieuse reconnaissance, il recommande une tendre dévotion envers la Sainte Vierge, Reine et Patronne du Clergé.

Bientôt de nombreux télégrammes adressés de la plupart des villes du diocèse, des membres les plus éminents de l'épiscopat français et étranger, des notabilités littéraires de Paris et de Rome, des personnalités de la presse parisienne, apportaient au futur Prince de l'Eglise de précieux témoignages'— quelques-uns inattendus — d'admiration et de respect, tandis que le modeste évêché de la rue ' Pradel ne désemplissait pas de visiteurs, heureux de saluer Sa Grandeur et de lui adresser de vive voix l'expression de leur affection et de leur joie.

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Dans un sentiment de respectueuse reconnaissance envers le Pape Pie X qui, en élevant à la plus haute dignité de l'Eglise le premier Pasteur du diocèse confère au siège épiscopal de Montpellier un honneur que depuis- plusieurs siècles il n'avait point connu, les membres du Chapitre "de la Basilique-Cathédrale décident l'envoi au Souverain Pontife de l'adresse dont nous donnons le texte latin et la traduction :

BEATISSIME PATER, Sedi Apostolicae humillimas sed alacres gratias persolvendi facultatem implorant Canonici Basilica; Cathedralis Montis Pessulani, Cleri totius hujusce Diœcesis nomme, prp lœto nnntio de futu-ra amatissimi pïassuiis sui promotione in amplissimum Sanctte Romana3 Ecclesias Senatum.

Jucundissimum sane patet benevolentiœ Vestra; testimonium erga nobilissimam Gallorum gentem, cui summus confertur honor quatuor nov-orum Patrum Purpuratorum creatione.

Sed maxima lastitise causa nobis est quod inter egregios Galliae Epis-copos, Beatitudini Vestrœ placuit dilectissimum Patrem nostrum eligere, quem, strenuum Ecclesiœ jurium adsertorem et prasclara edentem omnium in oculis haud obscura fortitudinis exetnpla, novistis.

Hoc etiam aliud est quod gaudeamus, Sanctitatem vestram non latere, abhinc bis triginta et septem annis, cum Ecclesiœ Montis Pessulani gubernacula suscepit regenda venerabilis Antistes Noster, nihil illum neglexisse quod ad divinam gloriam et ad gregis sui sempiternam salutem pertineret : maximaque illius yigilantia et diligentia effectum esse, ut ista Dioecesis fere ab omni errons peste immunis evaderet, et Christianse Vitse decus apud populum quotidie latius floresceret.

A priscis temporibus, Ecclesia nostra Montis Pessulani (olim Magalo-nensis), sub speciali tutela Principis Apostolorum erecta, Sanctam Sedem Apostolicam fideli semper devotione prosecuta est. Legitur enim in Apostolicis Litteris Urbani PP.. III (IIP Kal. Septemb. 1186 et IV Nonas Martii 1187) « Inter caeteras provincial Narbonensis Ecclesias Dominus Papa et Sacrosancta Ecclesia Romana intuitu « fidei et devotionis, quam in Ecclesia Magalonensi, tempore necessitatis, invenit, hanc Ecclesiam in Christi visceribus amplectatur ».

Attamen cum nunc, prima vice, Sanctitatis Vestras benevolentia, Ecclesiam Montis Pessulani perornat jamjam Sacra Cardinalium purpura, Nos, plus quam casteros, decet Apostolicam auctoritatem vereri, ab ejusque ductu ne latum quidem unguem discedere, quod nos cuncti jurejurando devovemus.

Ad pedes Sanctitatis Vestrœ provoluti, gratias Deo vobisque persolvi-mus, benedictionem que apostolicam enixe fiagitantes, Beatitudinis Vestrœ Filii obsequentissimi ac devotissimi.

TRES SAINT PERE,

Les Chanoines de la Basilique-Cathédrale de Montpellier, au nom de tout le Clergé du diocèse, sollicitent la faveur d'adresser au Saint-Siège leurs très humbles mais très vives actions de grâces pour l'heureuse nouvelle de la future promotion de leur Evêque bien-aimé à la dignité de Prince de la Sainte Eglise Romaine.

Chacun voit là un très heureux témoignage de la haute bienveillance de votre Sainteté envers la très noble Nation française, pour laquelle la création de quatre nouveaux cardinaux est un très grand honneur.

Mais ce qui est surtout pour nous une cause de joie, c'est que, dans tout l'épiscopat si distingué de France, il ait plu à Votre Sainteté dé choisir notre Père bien-aimé que vous avez apprécié comme ayant vaillamment défendu les droits de l'Eglise et donné, aux yeux de tous, d'éclatants témoignages de fermeté.

Mais il est encore un autre motif pour lequel nous nous réjouissons, c'est de voir que Votre Sainteté apprécie ce qui a été fait depuis ces trente sept années pendant lesquelles notre Père vénéré a gouverné l'Eglise de Montpellier ; comment pendant ce temps rien n'a été négligé de ce qui touche à la gloire de Dieu et au salut éternel du troupeau confié à sa garde ; comment, grâce à l'extrême vigilance et aux soins empressés du Pasteur, les Fidèles ont été à l'abri de toute erreur malsaine, tandis que fleurissaient et s'épanouissaient de jour en jour dans le peuple les glorieuses pratiques de la vie chrétienne.

Depuis les temps les plus reculés, notre Eglise de Montpellier (autrefois de Maguelone), placée sous la spéciale protection du Prince des Apôtres, a témoigné le plus fidèle dévouement au Saint Siège Apostolique.

Nous lisons, en effet, dans les Lettres Apostoliques du Pape Urbain III (30 août 1186 et 4 mars 1187) : « Entre toutes les Eglises de la province de Narbonne, le Seigneur Pape et la très Sainte Eglise Romaine, en considération de la foi et du dévouement qu'ils ont trouvés, aux jours d'épreuve, dans l'Eglise de Maguelone, pressent cette Eglise sur le cœur du Christ. »

Et puisque par un acte de bienveillance de Votre Sainteté c'est la première fois, aujourd'hui, que la pourpre sacrée cardinalice honore l'Eglise de Montpellier, il nous convient à nous, plus qu'à tout autre, de témoigner au Saint-Siège, un plus profond respect, et une soumission absolue à sa direction que nous nous promettons de suivre avec la plus scrupuleuse fidélité.

Prosternés aux pieds de Votre Sainteté, nous rendons grâces à Dieu et à Vous-même, sollicitant humblement la bénédiction apostolique, de Votre Sainteté,

LES FILS TRES SOUMIS ET TRES DEVOUES.

En réponse à cette adresse, M. l'archidiacre David, Doyen et Président du chœur, reçut du cardinal Merry del Val, secrétaire d'Etat de Sa Sainteté, la lettre suivante :

SEGRETARIO DI STATO Dal Vaticano, le 16 novembre 1911. DI SUA SANTITA N° 53.632

MONSIEUR LE VICAIRE GENERAL,

Le Saint-Père a été bien sensible aux sentiments de piété filiale que les Membres du Chapitre Cathédral de Montpellier ont eu à cœur de lui exprimer, en leur nom et au nom de tout le clergé de ce diocèse, à l'occasion de l'élévation de leur Evêque à la Pourpre Sacrée.

Cet insigne témoignage de la bienveillance du Souverain Pontife à l'égard de votre très illustre et vénéré Pasteur et à l'égard du diocèse de Montpellier, contribuera, il n'y a pas à en douter, à unir toujours plus intimement les membres du Clergé à leur Evêque et au Chef suprême de l'Eglise.

En vous communiquant la Bénédiction apostolique que Sa Sainteté envoie de cœur à vous-même et au Chapitre Cathédral, je profite volontiers de cette occasion pour vous exprimer, Monsieur le Vicaire général, mes sentiments dévoués en Notre-Seigneur,

R. Card. MERRY DEL VAL.

A M. le chanoine A. David, vicaire général, Montpellier.


Avant la rupture du Concordat, c'était le Chef de l'Etat qui remettait la barrette rouge aux cardinaux français ; la cérémonie officielle avait lieu à l'Elysée, l'un des nouveaux Cardinaux prononçait une allocution et le Président répondait.

La calotte rouge était remise à l'élu dans son palais même par un officier de la Garde noble pontificale spécialement envoyé par le Souverain Pontife. Ces deux cérémonies étant supprimées, les nouveaux cardinaux reçoivent tous leurs insignes à Rome des mains de Sa Sainteté.


S. E. LE CARDINAL DE CABRIÈRES ÉVÊQUE DE MONTPELLIER