Abbaye Saint-Pierre et Saint-Paul de Maguelone : Différence entre versions

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{{Voir cathédrales|Saint-Pierre-et-Saint-Paul|de Maguelone|ancienne=oui}}
 
{{Infobox Édifice religieux
 
| nommonument = Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone
 
| photo = Cathedrale von Maguelonne.jpg
 
| nomlocal =
 
| latitude = 43.51226917912111
 
| longitude = 3.883366584777832
 
| ville = [[Villeneuve-lès-Maguelone]]
 
| pays = {{France}}
 
| région = [[Occitanie (région administrative)|Occitanie]]
 
| département = [[Hérault (département)|Hérault]]
 
| culte = [[Catholique romain]]
 
| type = Ancienne [[cathédrale]]
 
| rattachement = [[Diocèse de Montpellier]]
 
| début constr = {{s|XII|e}}
 
| fin const = {{s|XIII|e}}
 
| style = [[architecture romane]]
 
| classement = {{classé MH|1840|accord=féminin}}
 
| géolocalisation = France
 
}}
 
 
La '''cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone''' est une [[cathédrale]] des {{s2|XII|e|XIII|e}} située sur la commune de [[Villeneuve-lès-Maguelone]], dans le [[département français]] de l'[[Hérault (département)|Hérault]] et la [[région française|région]] [[Occitanie (région administrative)|Occitanie]].
 
 
Elle avait été bâtie dans la cité insulaire [[wisigoth]]e de [[Maguelone (Hérault)|Maguelone]].
 
 
La cathédrale fait l’objet d’un classement au titre des [[Monument historique (France)|monuments historiques]] par la [[liste des monuments historiques de 1840|liste de 1840]]<ref name="merimee">{{Base Mérimée|PA00103757}}</ref>.
 
 
== Histoire ==
 
=== Les origines de l'évêché ===
 
[[Fichier:Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone Mieusement.jpg|vignette|gauche|Façade ouest de la cathédrale<br />par [[Séraphin-Médéric Mieusement]] {{nobr|(mars 1888)}}.]]
 
 
À l'occasion des campagnes de fouilles archéologiques de 1967 ont été mis au jour sur cette ancienne île, des vestiges [[Empire romain|romains]], [[étrusques]] et de nombreux [[sarcophage]]s wisigoths. Les fondations d'une église détruite au {{s-|VII|e}}, y furent également relevées.
 
 
À la chute de l'[[Empire romain]] au {{s-|V|e}}, les [[Wisigoths]] s'emparent d'une partie de la contrée de [[Melgueil]], l'île de Maguelone. La religion chrétienne s'y impose peu à peu. Dès [[533]], un évêché est fixé sur l'île. Ses premiers évêques en seront: [[Boèce (évêque de Maguelone)|Boèce]] vers [[589]], [[Geniès (évêque de Maguelone)|Geniès]] [[597]]-633?, (Geniès ou Génésius). Il existait alors déjà sur l'île une église-cathédrale. L'évêché de [[Maguelone (Hérault)|Maguelone]] apparaît dans les textes à la fin du {{s-|VI|e}}, sur une île déjà occupée dans l'Antiquité<ref name="LanguedocRoman_p228">{{harvsp|Collectif|1985|p=228}}</ref>.
 
 
Les raisons de l'implantation de l'évêché de Maguelone sur cet îlot à l'écart de la [[voie Domitienne]] et {{refnec|éloigné de toute agglomération (la ville de [[Montpellier]] n'existe pas encore) restent inexpliquées<ref>Il se peut que la raison en soit qu'en droit romain, le littoral faisait partie de l’''{{lang|la|ager publicus}}'', le domaine public. Les souverains wisigoths en auraient donc fait leur propriété.</ref>}}. Cependant le caractère insulaire (l'évêché n'étant accessible que par la mer) devait assurer une certaine protection. Maguelone, fut le siège de l'évêque mais aussi du comte goth<ref>{{Ouvrage|titre=Églises romanes oubliées du Bas Languedoc|éditeur=Presses du Languedoc|prénom1=Pierre A.|nom1=Clément |année=1993|passage=309|isbn=2-85998-118-7}}.</ref>, qui assurait le pouvoir temporel.
 
 
Bien protégée côté terre, en revanche, cette position stratégique restait très exposée aux invasions venues de la mer. C'est en raison de cette position stratégique que le roi wisigoth Wamba l'assiégea en [[673]], lors de sa campagne de reconquête de la [[Narbonnaise]].
 
 
=== Port Sarrasin ===
 
[[Fichier:Cathédrale de Maguelone - Portail 1.jpg|vignette|droite|upright|Façade occidentale et portail de la cathédrale de Maguelone.]]
 
 
Au {{s-|VIII|e}}, tandis que le pouvoir Wisigoth s'affaiblit et que finalement le royaume de [[Tolède]] s'effondre, les musulmans d'Espagne (les [[Sarrasins (peuple)|Sarrasins]]) multiplient les raids en terre chrétienne. Après avoir conquis la [[Catalogne]], ils franchissent les [[Pyrénées]], en [[715]]. La [[Septimanie]] passe sous leur totale domination en [[719]].
 
 
Maguelone, en raison de sa position clef, devient Port Sarrasin, sans doute une place fortifiée. Délaissant les aménagements naturels, des quais sont établis permettant aux navires d'accoster et de décharger leurs marchandises en toute sécurité. Aujourd'hui encore le lieu-dit la Sarrazine correspond au canal (''[[grau]]'') où transitaient ces bâtiments. Malgré l'envahisseur, la liberté de culte est maintenue sur l'île, ses habitants prenant le statut de « [[dhimmi]]s ».
 
 
En réaction, les [[Francs]], venus du Nord, entament la reconquête : après [[Poitiers]] en [[732]], Charles Martel poursuit les [[Sarrasins (peuple)|Sarrasins]] qui abandonnent peu à peu le sud de la France. C'est après l'échec de sa conquête de la [[Septimanie]] qu'il fait détruire la première cathédrale transformée en mosquée, en [[737]]. L'architecture de ce premier édifice nous reste inconnue.
 
 
Dès lors le site reste alors quasiment abandonné durant trois siècles, même si une vie précaire semble avoir perduré malgré la crainte des pirates. L'évêque s'installe à quelques kilomètres, à Melgueil (aujourd'hui [[Mauguio]]), sur l'[[oppidum]] antique de [[Substantion]], dont le site se trouve aujourd'hui sur la commune de [[Castelnau-le-Lez]]<ref name="LanguedocRoman_p228"/>.
 
{{clr}}
 
 
=== Le renouveau du {{s-|XI|e}} ===
 
[[Fichier:Cathedrale Maguelone Plan vectorized.png|vignette|250 px|Plan.]]
 
 
À partir de [[1030]], [[Arnaud I, évêque de Maguelone|Arnaud]], évêque de [[Maguelone (Hérault)|Maguelone]] de [[1029]] à [[1060]], décide de faire reconstruire la cathédrale. Il la dote d'un [[Chapitre de chanoines|chapitre]] de douze [[chanoine]]s réguliers, qui suivent la [[règle de saint Augustin]]. De cet édifice, il ne subsiste aujourd'hui que la chapelle Saint-Augustin, accolée au sud de l'édifice.
 
 
Afin d'améliorer l'accès à la ville, que l'on ne pouvait rejoindre que par bateau, il fait construire un pont, long de près d'un kilomètre, entre l'île et [[Villeneuve-les-Maguelone]]<ref>{{harvsp|Collectif|1985|p=228-229}}.</ref>, dont un dignitaire du chapitre est spécialement chargé. Il fait aussi réaliser des fortifications pour protéger le site des attaques des musulmans. Cela n'empêcha pas l'évêché de devenir un grand centre de rayonnement intellectuel, grâce à des écoles universitaires.{{référence nécessaire}}
 
 
Les successeurs de l'évêque Arnaud, soumis à la suzeraineté des [[Melgueil|comtes de Melgueil]] qui finiront par léguer leurs droits sur l'évêché au pape {{nobr|[[Grégoire VII]]}} en [[1085]]. Ils reçurent de nombreuses donations. Devenue propriété du Saint-Siège et terre d'asile, Maguelone est alors en plein essor<ref name="LanguedocRoman_p229">{{harvsp|Collectif|1985|p=229}}.</ref>. {{nobr|[[Urbain II]]}} visite l'île en [[1096]], et la proclame « la seconde après celle de Rome ».
 
 
=== Le {{s-|XII|e}} et le {{s-|XIII|e}} : apogée de l'évêché de Maguelone ===
 
 
Parfois, en raison de factions en Italie, certains pontifes trouvent refuge à Maguelone. Ainsi le pape {{nobr|[[Gélase II]]}} y fut accueilli en [[1118]]. C'est aussi {{nobr|[[Alexandre III (pape)|Alexandre {{III}}]]}} qui consacre en [[1163]] le [[maître-autel]] dont le chevet vient d'être construit.
 
 
La prestige et la richesse de l'évêché conduisent à construire une nouvelle cathédrale, remplaçant celle qui datait de l'épiscopat d'Arnaud. Trois évêques vont conduire cette entreprise considérable : l'évêque Galtier (1104-1129) construit le chevet et ses absides, ainsi que le large transept fortifié ; l'évêque Raymond (1129-1158) poursuit cette œuvre avec l'autel majeur, la chaire épiscopale et les deux tours en bas du transept ; enfin, Jean de Montlaur (1161-1190) bâtit la nef romane, appelant à la participation des fidèles.
 
 
Au début du {{s-|XIII|e}}, deux autres tours sont bâties pour assurer la défense de la façade occidentale : la tour Saint-Jean et la tour de l'Évêque, aujourd'hui en partie ruinée. L'évêché est alors solidement protégé. Pendant la [[croisade des Albigeois]] Maguelone reste un bastion de la papauté : le comté de Melgueil, propriété du comte de Toulouse {{nobr|[[Raymond VI de Toulouse|Raymond {{VI}}]]}}, est inféodé à Maguelone par {{nobr|[[Innocent III]]}}<ref name="LanguedocRoman_p229"/>. Son archidiacre était d'ailleurs [[Pierre de Castelnau]], légat du pape dans le Languedoc, dont le meurtre à [[Saint-Gilles (Gard)|Saint-Gilles]] en [[1208]] a déclenché les hostilités.
 
 
=== Décadence et abandon ===
 
Riche et prospère, l'évêché de Maguelone suscite la convoitise des royaumes de France et d'Aragon. Plusieurs mesures sont prises pour enrayer la décadence, et au {{s-|XV|e}} l'évêque réside à Montpellier tandis que les chanoines sont assignés à Maguelone, gérée par le prévôt du chapitre.
 
 
Le siège épiscopal est supprimé en [[1536]] et l'évêque s’établit alors définitivement à [[Montpellier]]. Vendus par les chanoines, les bâtiments claustraux furent peu à peu détruits et la cathédrale fortifiée, un temps place forte protestante, fut en partie démantelée en [[1632]], à la demande de [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Richelieu]]. Des pans de murs furent vendus en [[1708]] pour servir à la construction du canal du Rhône à [[Sète]], qui traversait l'étang voisin.
 
 
Vendu comme bien national à la [[Révolution française|Révolution]], puis classé [[Monument historique (France)|monument historique]] en [[1840]], le domaine de Maguelone est acquis par [[Frédéric Fabrège]] en [[1852]] qui en débute la restauration. Il entreprend des fouilles qui éclairent son riche passé, en redécouvrant les fondations de bâtiments plus anciens. Il y plante de nombreuses essences méditerranéennes, l'île étant alors totalement dénudée d'arbres. Le culte est rétabli dans la cathédrale en [[1875]]. Son héritière donnera l'île au [[diocèse de Montpellier]] en [[1949]]<ref>{{harvsp|Collectif|1985|p=230}}</ref>.
 
 
=== Époque contemporaine ===
 
[[Fichier:Cathédrale de Maguelone-Vitrail.jpg|vignette|droite|upright|Vitrail.]]
 
 
En 1967, une importante campagne archéologique permet d'attester de l'antiquité du site.
 
 
Un [[centre d'aide par le travail]] y est aujourd'hui installé, géré par les ''Compagnons de Maguelone'' : sa vocation d'hospitalité est ainsi perpétuée, en favorisant la réinsertion de personnes adultes [[handicap]]ées intellectuelles. Les activités du {{abréviation discrète|CAT|centre d'aide par le travail}} sont le travail agricole, l'aquaculture, la pêche, ainsi que des activités de sous-traitance.
 
 
En [[2002]], dix-sept [[vitrail|vitraux]] conçus par [[Robert Morris]] et réalisés par Duchemin, de couleur bleu-pâle et miel, ont été posés dans les baies restaurées. Il s'agit de la représentation de l'onde de choc d'un caillou tombé dans l'eau.
 
 
De nos jours Maguelone accueille un festival de musique qui est organisé tous les ans, en juin, dans la cathédrale par l'association Les Amis du Festival de Maguelone. Ce rendez-vous incontournable pour tous les amateurs de [[musique médiévale]], présente dans le cadre magnifique de la cathédrale, des musiques classiques anciennes du Moyen Âge, mais aussi baroque, romantique ou renaissante, des œuvres rares, souvent tombées dans l'oubli<ref>Voir le site du [http://www.musiqueancienneamaguelone.com/ festival de musique à Maguelone].</ref>.
 
 
Une messe y est célébrée chaque année le premier samedi du mois de mai, à l'occasion d'une journée paroissiale, par le recteur-archiprêtre de la cathédrale de Montpellier.
 
 
== Le bâtiment ==
 
[[Fichier:InteriorMaguelone.jpg|vignette|droite|upright|Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone, intérieur.]]
 
 
La cathédrale a été construite au {{s-|XII|e}} comme une véritable forteresse. Ainsi, les murs dépassent couramment les deux mètres d'épaisseur. Elle possédait à l'époque un appareil défensif qui a maintenant disparu.
 
 
=== Le portail ===
 
 
Il constitue la façade occidentale. Il était flanqué de deux tours imposantes qui laissaient un étroit passage à son accès : la tour Saint-Jean, actuellement détruite, et la tour de l'Évêque, dont il ne reste que des lambeaux de façades ruinées. Ces deux tours ont été édifiées au {{s|XIII|e}} dans des blocs de [[calcaire coquillier]] jaune.
 
 
Les [[piédroit]]s abritent deux très beaux [[bas-relief]]s de marbre blanc représentant [[Pierre (apôtre)|saint Pierre]] à droite, et [[Paul de Tarse|saint Paul]] à gauche, les deux patrons de la cathédrale. Saint Pierre, assis, tient les clefs dans une main et le livre des [[Évangiles]] de l'autre. Saint Paul, un genou fléchi, brandit une épée dans la main droite et les [[Épîtres de Paul|Épîtres]] dans l'autre. Les tuniques et les manteaux à l'antique des deux personnages sont très soigneusement dessinés. Les deux dalles datent du {{s|XII|e}}, et faisaient sans doute partie initialement d'un grand tympan de [[Cintre (architecture)|plein-cintre]].
 
 
Le [[Linteau (architecture)|linteau]] est très long comparativement au portail, et d'un art plus évolué. Il est sculpté d'un superbe [[rinceau]] d'acanthe au dessin raffiné. Sur la bordure se trouve une inscription latine datée de [[1178]] et signée Bernard de Tréviers. En voici la traduction :
 
{{citation bloc|À ce havre de vie, venez, vous qui avez soif.<br />En franchissant ces portes, corrigez vos mœurs.<br />Toi qui entre ici, pleure toujours tes fautes,<br />Quel que soit ton péché, il est lavé par une fontaine de larmes.<br />+ Bernard de Tréviers a fait cela en l'an de l'incarnation du Seigneur 1178.}}
 
 
Le linteau intérieur de la porte de la cathédrale<ref>Et non pas celui du portail extérieur, comme cela est bien précisé dans le volume de la ''FOR'' (''Forma orbis romani. Carte archéologique de la Gaule romaine'', X, sous la dir. d'Adrien Blanchet et al., Paris, PUF, 1946, {{p.|13}}, {{n°|33}} - [https://books.google.fr/books?id=WqgMAQAAMAAJ&q=cath%C3%A9drale+Maguelone+milliaire&dq=cath%C3%A9drale+Maguelone+milliaire&hl=fr&sa=X&ei=Qui0T5n3LMec0AWJwYzjDw&sqi=2&ved=0CF4Q6AEwCQ extrait]) : « forme le linteau intérieur de la porte de la Cathédrale ».</ref> est un remploi d'une [[borne milliaire]] datant de l'époque de [[Tibère]] (entre 14 et 37 ap. J.-C.), et provenant peut-être du territoire antique de [[Béziers]]<ref>Cf. Jacques Gascou, « La présence de Tibère en Narbonnaise : les portraits et les inscriptions. II, Les témoignages épigraphiques », dans ''Revue archéologique de Narbonnaise'', 29, 1996. {{p.|64}} (inscription {{numéro|42}} de l'époque de [[Tibère]], marquant le XXXIII{{e}} (?) mille depuis Nîmes = [https://books.google.fr/books?id=irn-Tq_a0aIC&pg=PA103 CIL XVII-2, 285]) ([http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ran_0557-7705_1996_num_29_1_1465 en ligne]).</ref>.
 
 
Le [[Tympan (architecture)|tympan]] est entouré d'une [[archivolte]] brisée de marbre polychrome. C'est l'élément le plus récent du portail. Le [[Jésus-Christ|Christ]] est représenté [[Christ_en_gloire#Le_christ_en_majest.C3.A9|en majesté]], sur un trône [[Cannelure|cannelé]], bénissant de la main droite, et tenant le Livre de Vie. Il est vêtu d'un drap au dessin complexe, et s'inscrit dans une [[Gloire (ornement)|gloire]] polylobée. Il est entouré des [[Tétramorphe|quatre " vivants"]] de l'[[Apocalypse]]<ref>Apoc 4; 7-8</ref>, figurant les quatre [[Évangélistes]] : l 'homme ( l'ange), l'aigle, le lion et le bœuf<ref>L’homme est [[Matthieu (apôtre)|Matthieu]]. Le [[Lion de Saint-Marc|lion]] est [[Marc (évangéliste)|Marc]]. Le taureau est [[Luc (évangéliste)|Luc]]. L’aigle est [[Jean (apôtre)|Jean]].</ref>. Ces vivants tiennent de longs [[phylactères]] représentant les évangiles. La composition est dense, dans un style antiquisant.
 
 
=== La nef ===
 
À l'intérieur, la [[nef]] est d'abord constituée dans ses deux premières travées d'une [[voûte]] basse en plein-cintre, qui est surmontée par la tribune des [[chanoine]]s accessible par un escalier construit dans l'épaisseur du mur. Dans le mur droit de la deuxième travée, des [[bas-relief]]s et des épitaphes ont été scellés. Ils ont été retrouvés en 1872 par Frédéric Fabrèges, lorsqu'il refit le pavage de la cathédrale.
 
 
Au-delà des deux premières travées s'élève une haute voûte sobre caractéristique des constructions [[Art roman|romanes]], de {{nombre|10|mètres}} de large pour près de {{nombre|20|mètres}} de hauteur, avec des murs de 2 à {{nombre|2.5|mètres}} d'épaisseur. La sobriété extrême du lieu est compensé par une grande qualité de maçonnerie. Une immense voûte en berceau légèrement brisée recouvre la nef. Elle est renforcée à chaque demi-colonne par des arcs doubleaux à triple rouleau. La toiture reposait directement dessus, sans charpente. Incrustés dans la voûte, quatre rangs d'urnes en céramique poreuse servent de drains d'assainissement.
 
 
La nef est très sombre ; seule la tribune est pourvue de trois fenêtres au sud et de deux baies superposées à l'ouest. Son sol est tapissé de tombes, pour la plupart anonymes. Quatre [[gisant]]s d'évêques en [[marbre]] blanc sont remarquables. Enfin, proches du transept, à la hauteur de la tribune, on trouve deux chapelles minuscules dans l'épaisseur des murs qui pouvaient servir d'oratoires aux chanoines.
 
 
=== La tribune ===
 
Elle fut construite à la fin du {{s-|XII|e}} par les chanoines, sans doute pouvoir réciter l'office en étant isolés, ou à cause de l'humidité de l'église basse. Un escalier droit monumental y donne accès, pris dans l'épaisseur du mur nord de la troisième travée de la nef. Il donnait également accès au [[cloître]] supérieur, aujourd'hui détruit. La tribune forme comme une église haute, où les chanoines ont dédié un autel à [[saint Nicolas]]. Le lieu est beaucoup plus lumineux que le reste de la cathédrale.
 
 
La pierre tombale de l'évêque Jean de Montlaur († 1190) a été utilisée par Fabrège pour remplacer l'autel disparu de saint Nicolas. Cet autel est le couvercle d'un sarcophage sur lequel est gravée une épitaphe en vers latins, dont voici la traduction :
 
{{citation bloc|Dans ce tombeau (repose le corps) de Jean. Que l'Alpha et l'Oméga (le Christ), lumière éternelle, resplendisse toujours sur lui, qui dans les écoles ouvrit les pauvres aux dons de l'Esprit, et que celui dont le sang fut versé pour nous, lave ses fautes charnelles.<br />Celui qu'il avait choisi entre mille s'appelle Bertrand (le sacriste). Ce fut lui qui l'ensevelit, comme il put alors le faire, dans la première semaine du Carême, de l'an de l'Incarnation du Seigneur (1191). Ainsi qu'il est écrit sur la pierre posée sur sa tête, il quitta ce siècle un mercredi, avant-dernier jour de février.}}
 
 
=== La chapelle Saint-Augustin ===
 
La chapelle Saint-Augustin est le seul témoin de la première cathédrale, édifiée au {{s|XI|e}}. On y entre par un grand arc de plein cintre constitué de trois voussures. On trouve sur le piédroit de droite l'épitaphe d'Aribert, [[évêque d'Avignon]] mort à Maguelone au début du {{s|XII|e}}. Elle est faite d'une pierre froide, sombre et humide. Il est possible qu'elle constituât le [[croisillon (architecture)|croisillon]] sud de la première cathédrale. Elle était surmontée à l'étage de la chapelle Saint-Michel avant que celle-ci ne tombe en ruine. L'autel de la chapelle Saint-Augustin est en marbre blanc, aux armes de l'évêque [[Jean de Bonald]] ({{nobr|† 1487}}). Le [[Antoine Arnauld (1612-1694)|Grand Arnaud]] y avait aussi fait inscrire son épitaphe.
 
 
=== Le transept ===
 
De même que l'abside, le [[transept]] a été édifié au {{s-|XII|e}} et achevé en 1150 par l'évêque Godefroy. De légères différences manifestent son antériorité par rapport à la nef. Il est constitué d'une vaste travée rectangulaire à voûte légèrement brisée, et deux chapelles forment les croisillons : la chapelle Sainte-Marie au sud, et la chapelle du Saint-Sépulcre au nord. On entre dans ces chapelles par des arcs à double rouleau.
 
 
La chapelle Sainte-Marie communiquait à l'origine avec le cimetière attenant (via la « [[porte des Morts|porte des morts]] »). La voûte bombée établie sur une [[croisée d'ogives]] primitive est remarquable. Ce choix architectural issu de l'art roman méridional est typiquement lombard. Le sauveteur de la cathédrale, Frédéric Fabrège, repose au pied de l'autel roman. Des [[sarcophage]]s y sont aujourd'hui entreposés, avec au centre le [[mausolée]] de l'évêque Pierre Adhémar ({{nobr|† 1418}}). Au-dessus de la chapelle, dans la tour Sainte-Marie, une autre chapelle aujourd'hui détruite servait au recueillement des chanoines.
 
 
La chapelle du Saint-Sépulcre possède la même croisée d'ogives. Son mausolée de type gothique date du {{XIVe siècle}}, et a été construit pour le cardinal de Canillac, ancien prévôt de Maguelone. Il abrite maintenant un sarcophage [[wisigoth]] de marbre gris sculpté. Elle est surmontée de la chapelle Saint-Pancrace, invisible au visiteur.
 
 
Le sol du transept est pavé de tombes, souvent anonymes. Il y a malgré tout quatre dalles d'évêques en marbre : Antoine de Subjet (1573-1596), Izarn Barrière (1488-1498), qui restaure l'université, Jean de Bonald (1472-1487), humaniste, et Guitard de Ratte (1596-1602)<ref>[http://ombresdemeslivres.wifeo.com/mgr-de-ratte-eveque-de-montpellier.php Note biographique sur Mgr Guitard de Ratte]</ref>.
 
 
=== L'abside ===
 
L'[[abside]], construite au début du {{s-|XII|e}}, est caractéristique du style roman primitif ; son ampleur, son élévation et l'élégance de son décor en témoignent. Un banc presbytéral incrusté en son milieu perpétue une tradition [[paléo-chrétien]]ne. Elle est éclairée par trois fenêtres romanes avec des [[colonnettes]] et [[chapiteau (architecture)|chapiteaux]]. Ses fenêtres sont décorées à l'aide de fines colonnes engagées, reliées par une couronne de petits arcs et surmontées d'un cordon de dents d'engrenage.
 
 
À l'intérieur, le mur méridional conserve des fragments de pierres tombales de l'époque romaine : ensemble de [[bas-relief]]s et d'épitaphes fixés retrouvés par Frédéric Fabrège lorsqu'il rénovait le dallage de la cathédrale : ils proviennent du [[cloître]], du [[cimetière]] ou ont été apportés comme éléments décoratifs, notamment pour les pièces de l'époque antique. On doit le [[maître-autel]] actuel à Fabrège. Cette dalle de pierre moulurée remplace celui que consacra le pape {{nobr|[[Alexandre III (pape)|Alexandre {{III}}]]}} en [[1163]]. Sur l'ancien maître-autel étaient représentées des ''flabella'', éventails en plumes de paon marquant l'appartenance au [[Saint-Siège]].
 
 
== Galeries ==
 
<gallery caption="La cathédrale.">
 
Fichier:Maguelone Cathedral, entrance 01 .jpg|Détail du portail
 
Fichier:Maguelone relief St-Paul.JPG|Relief de saint Paul (côté gauche du portail)
 
Fichier:Maguelone relief St-Pierre.JPG|Relief de saint Pierre (côté droit du portail)
 
Fichier:Vitrail maguelone.JPG|Détail d’un vitrail du chœur réalisé en 2002 par [[Robert Morris]]
 
</gallery>
 
<gallery caption="Inventaire Palissy (incomplet).">
 
Fichier:Cathédrale de Maguelone-Abside-Dalles Funéraires-Autels.jpg|Localisation
 
Fichier:Maguelone Cathedral 06.jpg|Maître-autel (PM34001495)
 
Fichier:Maguelone Cathedral 01.jpg| Autels (PM34001492)
 
Fichier:Cathédrale de Maguelone-Typan du portail.jpg| Linteau, signé Bernard Trévius (PM34001494)
 
Fichier:Cathédrale de Maguelone-PM34001497.jpg| Dalle funéraire de Jean Bonal (PM34001497)
 
Fichier:Cathédrale de Maguelone-PM34001498.jpg| Dalle funéraire d’Izarne de Barrière (PM34001498)
 
Fichier:Cathédrale de Maguelone-PM34001499+F.jpg| Dalle funéraire d’Antoine Subjet (PM34001499)
 
Fichier:Cathédrale de Maguelone-PM34001500+F.jpg| Dalle funéraire de Guitard de Ratte (PM34001500)
 
Fichier:Maguelone Cathedral 09.jpg| Sarcophage du {{s-|VI|e}} (PM34001501)
 
</gallery>
 
{{message galerie}}
 
 
== Protection ==
 
La cathédrale fait l’objet d’un classement au titre des [[Monument historique (France)|monuments historiques]] par la [[liste des monuments historiques de 1840|liste de 1840]]<ref name="merimee"/>.
 
 
== Notes et références ==
 
{{références|colonnes=2}}
 
 
== Voir aussi ==
 
=== Articles connexes ===
 
{{Autres projets|commons=Category:Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone}}
 
* [[Église fortifiée]]
 
* [[Liste des évêques de Maguelone]]
 
* [[Légende de la Belle Maguelone]]
 
* [[Liste des monuments historiques de l'Hérault]]
 
* [[Liste des monuments historiques de 1840]]
 
* [[Liste des cathédrales catholiques romaines de France]]
 
* [[Liste des cathédrales de France protégées aux monuments historiques]]
 
 
=== Bibliographie ===
 
* {{Ouvrage|auteur=Collectif|titre=Languedoc roman|éditeur=Zodiaque|année=1985|passage=226–244|isbn=2-7369-0017-0}}.
 
* {{Ouvrage|prénom1=Pierre A.|nom1=Clément|titre=Églises romanes oubliées du Bas Languedoc|éditeur=Presses du Languedoc| année=1993|passage=309–311|isbn=2-85998-118-7}} ;
 
* {{Ouvrage |prénom1=abbé Julien|nom1=Rouquette|prénom2=A.|nom2=Villemagne|titre=Cartulaire de Maguelone|tome=1|éditeur= Valat|année=1912|passage=|isbn=}} ;
 
* {{Ouvrage|prénom1=abbé Julien|nom1=Rouquette|prénom2=A.|nom2=Villemagne|titre=Cartulaire de Maguelone|tome=2|éditeur= Valat|année=1913|passage=|isbn=}} ;
 
* {{Ouvrage|prénom1=abbé Julien|nom1=Rouquette|prénom2=A.|nom2=Villemagne|titre=Cartulaire de Maguelone|tome=3|éditeur= |année=1920|passage=|isbn=}} ;
 
* {{Ouvrage|prénom1=abbé Julien|nom1=Rouquette|prénom2=A.|nom2=Villemagne|titre=Cartulaire de Maguelone|tome=4|éditeur=| année=1923|passage=|isbn=}} ;
 
* {{Ouvrage|prénom1=abbé Julien|nom1=Rouquette|prénom2=A.|nom2=Villemagne|titre=Bullaire de l’église de Maguelone|tome=1| éditeur=|année=|passage=|isbn=}} ;
 
* {{Ouvrage|prénom1=abbé Julien|nom1=Rouquette|prénom2=A.|nom2=Villemagne|titre=Bullaire de l’église de Maguelone|tome=2| titre volume=1216–1303|éditeur=|année=1914|passage=|isbn=}}.
 
 
=== Lien externe ===
 
* [http://www.musiqueancienneamaguelone.com/ Site du festival de Maguelone]
 
 
{{Palette|Monuments historiques de 1840 en Languedoc-Roussillon|Architecture des églises|Cathédrales en France}}
 
{{Portail|Hérault|architecture chrétienne|Monuments historiques}}
 
 
{{DEFAULTSORT:Cathedrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone}}
 
[[Catégorie:Cathédrale en région Occitanie|Maguelone]]
 
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[[Catégorie:Cathédrale dédiée à saint Pierre et saint Paul|Maguelone]]
 
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[[Catégorie:Église romane dans l'Hérault]]
 
[[Catégorie:Monument historique dans l'Hérault|Cathédrale, Maguelone]]
 
[[Catégorie:Monument historique classé en 1840]]
 
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Version du 3 février 2018 à 15:56

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