Jean Garnier : Différence entre versions
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Né à Bourguignon, au diocèse de Langres, village voisin de Bar-sur-Seine, il fit profession dans l'abbaye de Saint-Denys, près Paris; puis, ayant été reçu docteur de la maison de Sorbonne, il obtint la cure de l'église de Saint-Alpin à Châlons-sur-Marne. Doué de brillants talents oratoires, il fut remarqué par le roi Henri IV qui le nomma son chapelain et son prédicateur ordinaire, et se servit de son éloquence pour préparer à la mort, le 31 juillet 1602, le maréchal Charles Gontaut, duc de Biron, condamné ce jour-là à avoir la tête tranchée. L'année suivante, le roi le désigna pour monter sur le siège épiscopal de Montpellier. Après avoir été sacré à Paris, le nouveau prélat fit son entrée à Montpellier, accompagné des députés du chapitre venus à Avignon à sa rencontre, et jura de maintenir les privilèges de son chapitre dont l'archidiacre de Valence lui donna lecture.
Un des premiers soins de Jean Garnier fut de pourvoir au service divin qu'on célébrait encore à Maguelone et de rebâtir à Montpellier l'église de Notre-Dame des Tables. Au sujet de cette reconstruction, les auteurs de la Gallia christiana et l'historien de Montpellier, d'Aigrefeuille, sont tombés dans l'erreur, en avançant que cette église fut rebâtie des deniers de Jean Garnier, qui y employa, suivant les uns, 17,200 écus d'or, et suivant l'autre, 7,000 écus d'or provenant de la vente de quelques biens de son évêché. Le contraire résulte du bail à prix faits des ouvrages en maçonnerie, passé à Jean Despeisses, le 12 décembre 1604, reçu par Vignes, notaire, dans le palais de l'évoque et en sa présence. On voit dans cet acte que le prix devait être acquitté, deux tiers par le chapitre cathédral et un tiers par les catholiques de Montpellier. Le prix fut convenu â 21,200 livres, indépendamment des matériaux déjà existants) évalués par experts à 4,500' livres et qu'on abandonna à l'entrepreneur. Mais on ne trouve nulle part, si ce n'est dans les ouvrages que nous avons cités; que l'évêque Jean Garnier y ait contribué autrement que par ses soins. Cela est si vrai, qu'après l'entière construction, lorsqu'il fut question des ornements dont on devait pourvoir cette église, Jean Garnier refusa de contribuer à cette fourniture, ce qui donna lieu à un procès entre le chapitre et lui, procès qui fut porté au parlement de Toulouse. L'arrêt qui intervint sur ce différend est du 21 août 1607. Il con- -damne Jean Garnier à contribuer à la réparation pour la sommé," de 2,000 livres qu'il était tenu d'acquitter dans trois années et par tiers, et l'oblige en outre à payer dans quatre ans les ornements d'une chapelle entière et complète. Ce prélat, qui s'était rendu à Toulouse pour cette affaire, essuya, à son retour, une hydropisie à laquelle il succomba le samedi 15 septembre 4607. Il fut inhumé le lendemain dans l'église Notre-Dame, quoique le service divin n'y eût pas encore été rétabli.
Il lui arriva, peu auparavant, un accident fort extraordinaire qui fit grand bruit dans Montpellier et que Gariel n'a pas oublié de consigner dans la notice de ce prélat. Voici à peu près en quels termes il le rapporte.
« Retenu au lit par une forte hydropisie, Jean Garnier conservait néanmoins toute son intelligence, et sa conversation était toujours fort agréable. Un soir qu'on apportait de la lumière dans sa chambre, on le vit tout-à-coup se dresser et s'asseoir sur son lit, en criant : Sortez, M. le président Robin, sortez, je ne puis plus avoir aucun commerce avec vous, M. Robin était l'un des présidents de la cour des aidés de Montpellier. On prie l'évoque de se remettre en lui protestant que M. Robin n'était point présent, et qu'il pouvait même d'autant moins se trouver à l'évêché, qu'il était chez lui, malade, dans son lit. « Non, non, reprit Jean Garnier, je ne rêve pas, grâces à Dieu, je suis encore dans mon bon sens, et mes yeux ni ma mémoire ne me font point défaut. Je viens de voir le président Robin qui a été mon intime ami, avec sa robe rouge et me tendant la main, en m'invitant à m'en aller avec lui. » On envoya sur-le-champ à la maison du président], et il se trouva que ce magistrat avait rendu l'âme à l'heure précise où l'évêque avait poussé ses cris. Le prélat à qui la chose fut aussitôt rapportée, en prit l'occasion de faire à quelques-uns de ses prêtres, d'intéressantes remarques sur l'immortalité de l'âme, et ajouta qu'il avait même autrefois composé un Traité des Esprits, où.il discutait la nature de celui qui parut à Saül chez la pythonisse. »
On attribue à Jean Garnier quelques ouvrages qui sont demeurés manuscrits. C'est à tort que les Bénédictins et d'Aigrefeuille lui-même l'ont appelé Granier, dans le corps de leur ouvrage. Ils ont dû plus tard rectifier son nom.
Ce prélat portait pour armoiries : d'azur, au cœur d'or, à une devise vivrée de sinople, brochant sur le tout.